"Préparer son départ"
Partir vers Compostelle n’est pas une marche comme les autres. C’est, dit-on, une marche qui devient démarche. C’est d’abord le choix de partir sur un chemin historique de pèlerinage et, partant, chargé d’histoire et de valeurs propres. C’est ensuite s’engager pour un temps plus long que les habituelles randonnées de fin de semaine ou de quelques jours que d’aucun réalise sur les nombreux et beaux sentiers existants. C’est, enfin disent bon nombre de ceux qui l’on fait, un chemin d’où l’on revient « avec quelques préjugés en moins et quelques bonheurs en plus ».
La première décision à prendre est celle de vouloir partir. Dès qu’elle est prise, qu’elle vienne d’une décision rapide et impérieuse, ou qu’elle soit mûrie de longue date, il convient de se préparer. Un bon conseil sera de vous rapprocher de l’association jacquaire qui existe dans votre région. Vous y trouverez d’anciens « compostélans » qui vous donneront à coup sûr des renseignements et des conseils pertinents pour votre projet. Vous trouverez l’association locale qui vous convient en cliquant sur ce lien. A Toulouse les premiers jeudis du mois (sauf Juillet et Aout), notre association organise les Jeudis Jacquaires où le futur pèlerin rencontrera des bénévoles pour répondre à ses questions.
Choix de l’itinéraire et durée.
Il convient d’abord de préciser le projet : aller en une seule fois à Compostelle ce qui demandera, depuis la France, plusieurs semaines ? Ou bien prévoir un temps limité, soit par obligations familiales ou professionnelles, soit par choix car l’idée de partir longtemps vous effraie ?
Il est coutumier de dire que « l’on part de sa maison », après avoir mis en ordre ses affaires (au Moyen Âge on rédigeait son testament !), fermé sa maison à clé (ou embrassé ceux que l’on laisse momentanément) et, selon sa foi et sa pratique religieuse, assisté à la messe du matin et demandé la bénédiction du prêtre avant de se mettre en route.
Aujourd’hui, ces rituels sont quelque peu abandonnés, soit que l’on se dise éloigné de la foi religieuse, soit que l’on recherche des itinéraires « connus et réputés », ou toutes autres raisons qui doivent toujours être respectées.
Une fois l’itinéraire déterminé et la période de départ fixée, un compte à rebours commence :
- Se préparer physiquement : son corps, l’alimentation…
- Préparation matérielle : sac, chaussures, vêtements, argent…
- Préparer son parcours : étapes, hébergements, comment partir, puis revenir
Sur tous ces points, vous trouverez dans de nombreux guides des conseils en tous genres pour s’équiper, se préparer, organiser son départ ; nous ne les reprendrons pas ici, ce serait une trop longue liste, et chacun pourra se documenter [1] selon son expérience.
[1] Vous pourrez utilement consulter des guides et/des sites sur le sujet. Nous conseillons entre autres : « Compostelle mode d’emploi » ou « Partir à Compostelle » aux éditions du Vieux Crayon Accès au site du Vieux Crayon
Se préparer physiquement
Si votre dernière marche soutenue figure au rang de vieux souvenirs, une remise en condition s’impose ; elle doit être progressive ; à titre d’exemple, commencez 1 à 2 mois avant votre départ avec l’entrainement suivant :
- pendant les premières semaines :
j1 : marchez 2 h à bonne allure
j2 : marchez 1h lentement
j3 : marchez 4 h à votre rythme
j4 : marchez 1 h lentement
j5 : marchez 2 h à bonne allure, puis reposez-vous à j6 et j7
la (ou les 2) semaine avant le départ : marchez 2h, puis 4h, puis 6 heures... et partez...
Vous pouvez aussi participer aux sorties proposées par les associations jacquaires régionales qui ont pour but de vous mettre dans un contexte de marche longue et vous permettent de rencontrer d’anciens pèlerins, qui se feront un plaisir de répondre à vos interrogations ...Pour les candidats en Midi-Pyrénées, voyez la rubrique relative à Notre agenda.
L’avis du médecin : si vous avez un problème physique qui vous inquiète pour partir, n’hésitez pas à interroger votre médecin, qui, lui seul, pourra vous conseiller utilement. Dans tous les cas si vous n’êtes pas un habitué de la marche et du sport tout court, la visite chez le médecin est recommandée.
- Se tester avant le départ : se mettre en condition de pérégrination, avec sac au dos chargé, chaussures de marche aux pieds. Si possible, partez 2 ou 3 jours consécutifs, comme si vous vous mettiez en route : cela vous permettra de tester votre sac, son poids, voir ce qui manque, si les vêtements choisis sont pratiques .... et enlever du poids…
- l’alimentation pendant l’itinérance : il faut éviter les carences et les coups de pompe : ayez toujours sur vous de quoi vous alimenter et assurer un repas au cas où vous ne trouveriez rien sur votre chemin. Barres énergétiques, des fruits secs, du pain, une boite de sardines … Veillez de faire au moins un repas équilibré et complet par jour (le soir de préférence).
Préparation matérielle :
- Papiers recommandés : le carnet du pèlerin, la carte européenne d'assurance maladie (CEAM), la carte bancaire vous seront très utiles.
- L’argent : il est recommandé de ne pas avoir trop d’argent liquide sur soi ; 50 à 100€ devraient suffire entre 2 retraits.
- Le sac : le plus gros problème à régler : son poids. Idéalement, il ne devrait pas dépasser 12 à 15% de votre poids (pour une femme de 60kg, le sac devrait peser moins de 9kg) bouteille d’eau comprise. Le sac s’achète comme les chaussures : en l’essayant. Il doit épouser convenablement votre dos tout en laissant circuler l’air, les bretelles doivent être confortables et la sangle abdominale doit reposer sur les hanches pour répartir la charge.
- les chaussures : c’est elles qui assurent le contact avec le sol et il faut bien les choisir : légères, imperméables, confortables. Tige haute pour protéger vos chevilles ; tige basse si vous préférez. A vous de voir. Ecoutez les conseils des vendeurs spécialisés, mais ne vous laissez pas influencer : une chaussure adaptée à votre pied doit être confortable dès le premier essayage ; n’hésitez pas à prendre une pointure de plus que votre pointure habituelle. Un truc : allez faire l’achat en fin de journée quand votre pied est fatigué et peut-être gonflé, vous éviterez des déconvenues.
- les chaussettes : éternel sujet de commentaires entre les marcheurs. En coton, en fibre technique, double chaussette, points de friction renforcés … chacun y va de son conseil. Regardez qu’elles soient confortables et épaisses pour éviter les frottements et à séchage rapide.
- Le bâton : certains le jugent inutile, d’autres, indispensable. Notez qu’il est très utile lorsque l’on marche dans la boue, pour passer un gué, descendre un talus herbeux, s’assurer sur un passage difficile, soulever une clôture, éloigner un chien menaçant ... ou pour simplement rythmer la marche. Les anciens pèlerins marchaient avec un grand bâton (appelé "bourdon"), le marcheur du XXI ème siècle apprécie d’en avoir un, voire 2, pour équilibrer le mouvement ... à vous de choisir. Les pèlerins chevronnés recommandent habituellement l’usage de 2 bâtons.
- les vêtements : il existe de nos jours des textiles légers, à séchage rapide, parfaitement adaptés au besoin du pèlerin, à des prix abordables. Ne vous surchargez pas ; prévoyez de laver tous les jours et votre sac s’en trouvera allégé. A titre indicatif, et selon la saison, vous pouvez prévoir :
- 1 pantalon pour la marche et un pour le soir,
- 1 t-shirt manche courte et 1 manche longue,
- 2 sous vêtements
- 2 à 3 paires de chaussettes
- 1 t-shirt pour la nuit
- 1 cape de pluie et une veste chaude (en toutes saisons)
- chapeau, lunettes de soleil, serviette de toilette, trousse de toilette,
- les médicaments qui vous sont indispensables + quelques pansements. Ne surchargez pas votre trousse, on trouve des pharmacies assez aisément sur le Chemin. Vous pouvez aussi compter sur la solidarité des pèlerins en cas d’urgence !
- de la crème solaire pour protéger visage, bras et mollets du soleil,
- de la crème anti-échauffement pour enduire vos pieds tous les matins avant de mettre vos chaussettes (recommandé pour éviter ampoules et échauffements)
Les petits trucs en plus : prenez 10m de ficelle à rôti solide et une dizaine d’épingles à nourrice : utiles pour étendre le linge entre 2 arbres ou 2 fenêtres en l’absence de corde, pour raccommoder une bretelle cassée ….
Pour éviter les ampoules (rappelons que l’ampoule est le résultat d’un frottement excessif associé à de l’humidité du pied) : lors de la pause de midi, retirez vos chaussures et vos chaussettes et faites-les sécher le temps du repas.
- Le téléphone portable : devenu nécessaire, voire indispensable, pour bon nombre de marcheurs. Utile pour trouver l’hébergement du soir, il sécurise ceux qui ne savent plus s’en passer. Pour la sérénité de tous, pensez à le mettre en fonction « silence » pendant la marche, le soir dans les parties communes, et surtout la nuit au dortoir. Soyez discrets lors de l’utilisation et maitrisez votre voix : vos compagnons de marche n’ont rien à faire de vos conversations !
Préparer son parcours
Il existe de très nombreux ouvrages qui servent de guide sur les diverses voies menant à COMPOSTELLE.
A l’heure d’internet et du GPS, il serait vain de prétendre maintenir à jour une liste des divers guides parus.
De nombreuses librairies ont un rayon spécialement dédié à St Jacques où vous trouverez les guides utiles.
Sur internet, vous trouverez facilement des éditeurs de guides. N’hésitez pas aussi (sous réserve que vous pratiquiez la langue) à consulter des éditeurs étrangers qui ont, selon la voie choisie, des guides en allemand, italien ou espagnol, très performants.
N’oubliez pas aussi de consulter le site des associations jacquaires régionales qui ont, parfois, mis à votre disposition, des renseignements et des sites permettant d’organiser votre marche.
Enfin, des marcheurs chevronnés ont ouvert des sites pour aider les futurs pèlerins. Ils sont légion sur internet.
Pour rejoindre votre lieu de départ, les solutions sont nombreuses. Elles dépendent bien sûr de votre domicile et du point de départ choisi. La solution TRAIN (et/ou BUS) est la plus utilisée. Pensez aussi aux sites de covoiturage.
Le retour de SANTIAGO est souvent source de préoccupation : l’autobus offre des solutions peu chères et pratiques (voir : Eurolines en direction de l’Europe, ALSA en Espagne). L’avion offre aussi des tarifs intéressants, mais ceux qui l’on utilisé mettent en exergue le « choc » ressenti en passant de plusieurs jours de marche dans la nature au fourmillement de l’aéroport de Madrid (transit habituel) !
Enfin, quelques conseils :
Vous vous apercevez que votre sac est trop lourd et souhaitez l’alléger : faites le tri et allez à la poste renvoyer chez vous (ou à une adresse connue que vous préviendrez de votre envoi) tout ce qui est en trop.
De même, si vous avez oublié ou perdu quelque chose d’indispensable (lunettes, médicament…), faites-le acheminer en poste restante dans une prochaine étape.
Si votre sac vous parait encore trop lourd, vous pouvez le faire transporter d’une étape à l’autre. En France comme en Espagne, il existe de nombreuses propositions (en France : voir le site ci-après ; en Espagne : voir celui-ci).