Marilou Borel nous offre en partage cette petite vidéo des sites remarquables sur cette voie de liaison accompagnée d'un commentaire que nous vous invitons à lire...
Le chemin et les terroirs
Le chemin prend son départ devant le portail de l’abbatiale Sainte-Foy de Conques et se termine à la basilique Saint-Sernin de Toulouse...
Au terme du voyage, le pèlerin aura parcouru un trajet de 230 kms, divisé en dix étapes.
Les « pays » traversés offrent des paysages variés et contrastés. Aux limites du Rouergue et de l’Auvergne, le chemin va quitter le pays de Conques, avec ses villages austères de granit ou de schiste sombre. C’est le point culminant de l’itinéraire avec une altitude de 600 mètres. Celle-ci déclinera progressivement pour se maintenir, autour de 200/300 mètres, jusqu’à la vallée du Tarn.
Chemin faisant, une route de crête aux vastes horizons, amène le marcheur au cœur du vieux bassin houiller rouergat. Ici, la mine a marqué le paysage et l’histoire humaine, tout au long d’une vallée industrielle encaissée, de Cransac à Aubin.
Par la suite, la route traverse le relief plus apaisé d’un plateau, pour arriver au site remarquable du village de Peyrusse le Roc avec les tours ruinées du château médiéval qui se dressent près des gorges sauvages de la Roselle.
Pour l’étape suivante, un beau chemin, plein sud, traverse les causses de la sauveté de Villeneuve d’Aveyron, puis, s’élève un peu, pour arriver à Villefranche de Rouergue.
Sortie paisible de la bastide par les berges de l’Aveyron, mais, très vite, le chemin nécessite un peu plus de « muscle », vu le profil de quelques dénivelés !
Avant la dure côte de Najac, le sentier suit les gorges au bord des rives de l’Aveyron.
Toujours plein sud, le chemin continue par la vallée de l’Aveyron jusqu’à Laguépie qui est la porte de l’Albigeois. Les maisons abandonnent leur toit de lauze ou d’ardoise à la tuile romaine et la brique remplace la pierre.
Le village de Cordes sur Ciel est en vue et le pèlerin s’apprête à escalader la bastide perchée sur un piton calcaire. Puis, le chemin traverse le vignoble séculaire du Gaillacois. Paysage de collines douces, rappelant la campagne toscane.
Derniers vallons et descente vers Gaillac et la vallée du Tarn. Par la suite, une étape de plaine amène le marcheur à Rabastens, soit par l’ancien « Cami Toulze » au pied des collines, soit par l’Isle sur Tarn à travers les vignobles… Avant de passer le Tarn au pont de Saint Sulpice la Pointe, une petite route de crête permet de découvrir, par temps clair, la chaîne des Pyrénées.
Le chemin pénètre en Haute-Garonne, franchit encore quelques collines et, après l’étape de Montastruc la Conseillère, aborde la banlieue toulousaine et par le Faubourg Bonnefoy arrive à son terme : la Porte Miègeville de la basilique.
Le chemin et le patrimoine jacquaire
L’itinéraire proposé est jalonné par un patrimoine jacquaire important, témoignant du passage des pèlerins en marche vers la Galice et du culte dédié à saint Jacques.
Au départ, Conques, est une étape mentionnée dans le Guide du pèlerin d’Aymeric Picaud. Les pèlerins pouvaient vénérer les reliques de sainte Foy, dans l’abbatiale à l’architecture typique des églises romanes de pèlerinages. Comme nous le sommes encore aujourd’hui, les jacquets de passage étaient certainement éblouis par la richesse du tympan du Jugement dernier, chef-d’œuvre de l’art roman. Plus près de nous, les vitraux restaurés par l’artiste villefranchois Pierre Soulage diffusent une douce lumière irisée.
Après le village de Noailhac, le chemin passe devant une petite chapelle isolée, dédiée à saint Roch, autre compagnon de route des pèlerins.
Une halte à Villeneuve d’Aveyron s’impose. Ancienne sauveté, devenue bastide ramondine, la ville comprend l’église du Saint-Sauveur, de plan central, rappelant le Saint-Sépulcre. Une des absidioles romanes est décorée de peintures du XIVe siècle en l’honneur de saint Jacques. Les scènes représentent la légende du « pendu dépendu » et un cortège de pèlerins se rendant à Compostelle, guidés par l’apôtre.
Plus au sud, à Veuzac, on peut voir sur la façade d’une maison, une coquille et deux bourdons sculptés avec la date de 1760, ainsi que des initiales.
A Villefranche, ancienne bastide, capitale du Bas-Rouergue, un hôpital Saint-Jacques est attesté en 1339. Jouxtant l’hôpital se trouve la chapelle Saint-Jacques du XVe siècle, dont la porte d’entrée récemment restaurée est toujours visible dans l’actuelle rue Saint-Jacques. A la Chartreuse, l’apôtre figure sur un vitrail et le musée du vieux Villefranche conserve une petite statue du saint.
L’ancienne bastide de Najac occupe un site remarquable, dominé par les vestiges d’un château médiéval. A la croisée des chemins, les pèlerins trouvaient plusieurs établissements d’accueil : l’hôpital de Saint-Barhélemy, l’hôpital Saint-Jacques, situé dans la ville haute, près de l’église Saint- Jean. Le chemin quitte Najac par le pont Saint-Blaise du XIIIe siècle ; à coté subsiste un bâtiment aujourd’hui privé qui était une maladrerie.
Avant d’arriver à Cordes, le marcheur peut quitter le chemin pour se rendre à Monéstié- sur- Cérou (à 10 kms), situé sur une ancienne voie venant de Rodez. Il y avait là un hôpital Saint-Jacques qui abrite actuellement une célèbre « Mise au tombeau » du XVe siècle.
Ancienne bastide, Cordes, aux souvenirs cathares, possède l’église Saint-Michel avec une chapelle Saint-Jacques dont la clef de voûte est ornée d’une coquille. Derrière l’autel, un curieux tableau représente le «Transport de saint Jacques au ciel par les anges ». Les baies géminées de l’hôpital Saint-Jacques du XIVe siècle sont encore visibles. La chapelle du XVIe siècle, appelée « la Capelette », est contiguë à l’hôpital. Dans les années 1950, le peintre Yves Brayer a décoré la chapelle de peintures et d’un vitrail, retraçant le pèlerinage compostellan.
Près du chemin, on trouve une église Saint-Jacques à Donnazac. On peut y voir une belle statue-reliquaire de saint Jacques pèlerin en bois doré et un tableau représentant l’apôtre au pied de la croix.
Gaillac sur les rives du Tarn était situé au carrefour de divers chemins. A l’époque médiévale, les pèlerins étaient accueillis à l’hôpital Saint-Jacques, datant de 1220. On peut encore voir son emplacement au n° 22 du quai Saint-Jacques. Le voyage pouvait continuer en bateau jusqu’à Rabastens. Un saint Jacques pèlerin est sculpté sur un coffre en bois, servant de maître-autel, à l’abbaye Saint-Michel.
Près du chemin, à Convers, on trouve trace sur un registre paroissial, du décès « d’un pauvre pèlerin venant de Saint-Jacques », âgé de 40 ans, originaire de Saint-Flour.
Au Moyen Age, Rabastens possédait un hôpital Saint-Jacques, situé dans la rue du même nom. Une confrérie de pèlerins est mentionnée dans les archives. Mais le témoignage majeur se trouve dans l’église Notre Dame du Bourg, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO. Il s’agit de la chapelle Saint-Jacques, entièrement décorée d’un cycle de peintures du XIVe siècle, racontant la vie du saint, à partir de la « Légende dorée » de Jacques de Voragine. La clef de voûte montre saint Jacques, entouré de deux pèlerins, les mains jointes.
Passage à Mézens où les passants étaient accueillis, au XIIIe siècle, à l’hôpital Saint-Blaise. On traverse le Tarn, avant d’arriver à la bastide de briques rouges de Saint-Sulpice-la-Pointe. Dans l’ancienne église, une chapelle Saint-Jacques était gérée par une confrérie du même nom. Une peinture du XVe siècle, aujourd’hui disparue, représentait la légende du « pendu dépendu ».
Après le passage du Tarn, notre chemin va suivre l’ancienne voie médiévale qui passait à Roquesérière et Montastruc. A Garidech et à Saint-Jean résidaient des Chevaliers de l’Ordre de Malte chargés de la sécurité des pèlerins.
Voilà Toulouse et la via Tolosana où les témoignages liés au pèlerinage de Galice sont nombreux. On retiendra l’essentiel. Tout d’abord, Saint-Sernin, chef-d’œuvre de l’art roman, riche de ses dizaines de reliques conservées dans les deux cryptes de la basilique où les pèlerins venaient faire leurs dévotions autour des « Corps saints ». Arrivant à la porte Miègeville par la Grand rue, ils pénétraient dans le sanctuaire en levant les yeux vers le tympan représentant l’Ascension du Christ et vers la sculpture de saint Jacques apôtre, semblable à celui du portail des Orfèvres de Compostelle. Autre monument emblématique, l’Hôtel-Dieu Saint-Jacques qui accueillait les pèlerins ayant traversé la Garonne. Mais les pèlerins pouvaient loger aussi à l’hôpital Saint-Jacques du Bourg, près de la basilique. On peut trouver d’autres témoignages, de caractère iconographique, dans les églises et musées de la ville.
Le chemin et le pèlerin d’aujourd’hui
La longueur du chemin est estimé à 231 kilomètres. Il est découpé en dix étapes se situant entre 13 kms et 32 kms pour la plus longue. Le parcours ne présente aucune difficulté particulière, le tracé étant situé sur un relief alternant parties plates et collines, avec quelques pentes un peu raides.
Les étapes font l’objet d’un descriptif très détaillé, avec une échelle de temps pour progresser sur le terrain, que l’on trouvera sur notre site suivre le lien.
Au départ de Conques le chemin emprunte le GR 65 (voie du Puy) jusqu’au plateau et qui devient GR62B jusqu’à Villefranche avec le balisage classique blanc/rouge. Au-delà, l’itinéraire emprunte le GR 36, toujours avec la signalétique blanc/rouge, jusqu’à Cordes, puis le GR 46 jusqu’à Toulouse.
L’hébergement rencontré sur le chemin est très varié : gîte d’étape communal ou privé, communautés diverses accueillant les pèlerins, chambres d’hôtes ou chez l’habitant, hôtels, campings, etc. Des renseignements sont fournis par les Offices de tourisme et les mairies, dont les coordonnées figurent sur le site. Une liste, tenue à jour par l’Association Occitanie recense les offres en cours.Suivre le lien
Maintenant, il reste à faire vivre le chemin. Aux pèlerins tentés par l’aventure, nous souhaitons bonne route et bonne chance sur nos terres occitanes. Ultréia !