MON CHEMIN VERS COMPOSTELLE (suite de la voie d'Arles)
CAMINO FRANCES
Je n’ai rien cherché sur le chemin, je l’ai laissé prendre possession de mon corps, de mes pensées, de mon âme. Tous les soirs, couchée très tôt entre 20 h 30 et 21 h, mais avec un endormissement si possible après tout le monde (afin de ne déranger personne avec mes ronflements dans la chambre commune ou le dortoir). Levée assez tôt entre 6 h 30 et 7 h 30 les jours de grasses matinées. Au son du réveil, les automatismes se mettaient en place : s’habiller avec les affaires propres préparées la veille, faire une rapide toilette au lavabo, prendre soin de passer aux toilettes afin de ne pas être dérangée dans la journée et durant la marche, refaire son sac à dos en rangeant par ordre de nécessité les affaires rangées par famille dans des poches étanches en cas de pluie (chaque chose à sa place et chaque place dans le sac a sa chose).
Le chemin m’appelait et je ne rechignais pas à me lever pour le rejoindre, c’était devenu une nécessité, c’était devenu ma vie. Je savais que durant toute la journée il allait me faire vivre des moments hors du commun, en toute liberté, avec des galères, des joies, des rires, des pleurs, des malheurs (Eh oui il y en a eu malheureusement) et de véritables moments de bonheur qui vous font presque oublier tout le reste. Dans mes moments de galère je n’ai rien voulu lâcher, et non ce chemin n’allait pas se débarrasser de moi comme ça ! je n’étais pas venue pour ça ! Parfois, moi si défaitiste, je me suis surprise à être aussi pleine de ressources pour résoudre certaines galères. C’est surtout pour cela que je dis que le Chemin a pris possession de moi.
Du fait de la pandémie de COVID, le chemin vers Compostelle a été certainement plus compliqué que par les années passées, puisque la majorité des auberges en Espagne étaient encore fermées. La recherche du gîte et du couvert était vraiment une tâche quotidienne qui pour le coup nous a privés d’un peu de liberté. Il fallait parfois marcher un peu plus longtemps que prévu pour trouver une auberge ouverte ou à contrario raccourcir notre trajet pour ne pas risquer de ne pas trouver un lieu où nous poser. Il y a eu un soir où nous avons dû dormir dans une cabane en pierre car pris pas la tempête nous ne pouvions finir la longue étape qui devait nous mener jusqu’à Santo Domingo de la Calzada où il était prévu que l’on s’arrête. Cette cabane était sur notre route, un cadeau de la providence où de l’Apôtre Saint-Jacques peut-être même, car nous étions bien en galère. Mais quel que soit le problème, nous avons toujours trouvé une solution, chaque jour nous avons toujours trouvé à dormir ou à manger, pour moi la preuve que sur ce chemin quelque chose ou quelqu’un veillait sur moi.
Je crois avoir fait à peu près le tour de tout. En conclusion je peux dire que ce chemin est une très belle parenthèse dans ma vie. Il n’a pas résolu tous mes problèmes, de toute manière je ne m’attendais pas à cela, mais il m’a fait vivre des moments fantastiques dont je ne trouve même pas les mots pour exprimer ce que je ressens vraiment quand j’y pense. Ce sont des moments tellement forts qui me portent encore aujourd’hui. Ce chemin m’a fait aussi découvrir en moi des forces et des ressources que je ne me connaissais pas. Alors oui, je ressors vraiment grandie de cette belle expérience. Je remercie tous ceux qui m’ont soutenue dans et pendant mon projet, je remercie le Seigneur de m’avoir accordé la grâce de réaliser ce pèlerinage en sa compagnie. Je remercie Serge et Maïté pour m’avoir suivie dans mon et mes délires, sans eux je n’y serais pas arrivée non plus.... ULTREIA !!!!
Danielle BARRAL, juin 2021