MES PREMIERS PAS SUR LA « VIA TOLOSANA »

(par Emilie LOPEZ : Le chemin d'Arles du 3 au 13 février 2020)

Pour la 1ère fois, j’ai découvert le chemin de Compostelle. Venant d’Arles, je souhaitais rejoindre Lodève à pied. J’ai débuté le chemin de la Méditerranée (ou Via Tolosana) le 4 février dernier.

Très vite rassurée par le balisage GR 653, j’ai sillonné les passages des Mas, les sentiers de la Petite Camargue et des marais salants.

Saint-Gilles-du-Gard constituait la 1ère étape. Je réalisais lors de cette journée de marche le sens donné à mon pèlerinage. Ma visite de la crypte du monastère bénédictin, bâtie entre 1116 et 1140, destinée à abriter les reliques de Saint Gilles me permettrait-elle de comprendre ? Vraisemblablement, je ne désirais pas y vénérer le corps du saint ermite comme l’y obligeait le guide des pèlerins au XIIe siècle ; mais j’imaginais de belles rencontres. J’envisageais le calme et le recueillement. J’y retrouvais l’âme de ma grand-mère décédée les années passées.

Ce soir-là, je préparais mon parcours et mon sac pour les jours suivants avec joie et sérénité. Cela devint une habitude sympathique puis une routine bienveillante.

 

Près de Vauvert, j’étais surprise par l’étendue des étangs de la Scamandre et charmés par celle des vergers, des cultures maraîchères et des vignes. Je ne croisais pas de pèlerins sur ces sentiers.  Des vignerons taillant leurs vignes m’accompagnaient.

 

 

À Gallargues-Le-Montueux, j’admirais la façade médiévale, vestige de l’ancien hôpital Saint-Jacques.

Après une soirée si formidable chez Marie-Jeanne à Aubais, je reprenais la route vers Vendargues le cœur léger.

 

 

 

 

 

 

 

 

  

 

 

À travers la voie Domitienne, ou « voie de la monnaie » je comptais mes pas vers Montpellier ou je logeais au gite de l’église St Roch. Ce grand saint antipesteux aurait soigné et guéri des pestiférés à la fin du Moyen Âge. La solennité des lieux et la solitude me porta vers un ressourcement spirituel.

Je compris néanmoins que cela ne devrait pas suffire à calmer les tensions musculaires accumulées par ces journées de marche terminées. J’espérais que la nuit suivante, logée au gite « le temps d’une pause », me permettrait de me ressourcer. Je devais impérativement vaincre mon état de fatigue général. Grâce à l’aide de mon hôte, j’employais les grands moyens : pieds dans la glace, dos et nuque enroulée de bouillote chaude et repos.

Mais “La ténacité peut avoir raison de la raison elle-même1.” Je continuais le lendemain vers Saint-Guilhem-le-Désert, village médiéval et lieu de prière.

1 De Paul Carvel / Jets d’encre

 

Le témoin alarmant de mes tendons enflammés m’a obligé à prolonger cette étape. Les jours de repos me donnait l’espoir de repartir. Alors que Guillaume, petit-fils de Charles Martel, cousin de Charlemagne, Comte de Narbonne et Marquis de Gothie y fonda son monastère en 804 et s’y retira plusieurs années, je réalisais les bienfaits de cette retraite : prendre le temps.

Les étapes suivantes de 39 kilomètres jusqu’à Lodève comportaient le passage de cols et des sentiers avec un peu de dénivelés. Je craignais une rupture des tendons qui m’aurait empêchée de rentrer pas mes propres moyens. Avec tristesse, je devais me résoudre à arrêter le voyage. Après 10 jours de marche, je rentrais en bus vers Toulouse.

Malgré cela, je savais que l’esprit du chemin de Compostelle me suivrait jusqu’à mon prochain départ.

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